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Et l’année se boucle
en beauté pour André Fouad

Publié le 2017-11-13 | Le Nouvelliste

 

 

 

 

 

Deux de ses poèmes figurent parmi les 170 de l’anthologie «Ayiti Cheri/ Poésie haïtienne (1800-2015) (anthologie critique)» de Yasmina Tippenhaüer, il est désigné comme poète de l’année pour la deuxième édition du Haitian Academy Award et le voici, jusqu’au 22 novembre, à Montréal, en pleine tournée. En un mot, le deuxième semestre de l’année en cours se termine en beauté pour André Fouad. Tout cela ne lui monte pas à la tête. Pour lui ce sont les fruits de sa persévérance à faire la promotion de la poésie à une époque où ce genre traverse des moments sombres selon lui.

Un Haïtien qui fait de la poésie à Miami, c’est, par analogie, comme un ascète qui travaille dans un club de strip. «C’est comme se retrouver par obligation dans un milieu qui n’est pas le sien», nous explique André Fouad qui y a élu domicile depuis 2004 parce que ses parents lui ont donné la carte verte.

En effet, selon lui, dans la mégapole la plus méridionale du «East coast» de chez Tonton Sam, et notamment dans la communauté haïtienne, la valeur se mesure plus par le semblant de vie «bling-bling» qu’on prétend mener que par l'effort de la pensée pour trouver des vers et égayer des cœurs romantiques nostalgiques, d’une époque révolue.

Alors, quand par le truchement de son frère spirituel James Noël (ancien pensionnaire de la Villa Médicis), deux de ses poèmes atterrissent dans une anthologie critique, baptisée «Ayiti Cheri/ Poésie haïtienne (1800-2015)», réalisée par l’universitaire et membre de la Société des américanistes, Yasmina Tippenhaüer, n'importe qui peut imaginer sa jubilation. Ses deux poèmes qui côtoient ceux de démiurges comme René Dépestre, Rodney Saint-Eloi… dans ce document respectable sont «Danse mon île», qui ne se retrouve dans aucun de ses ouvrages, et «Vil Okay vil bekan» qui est sur son deuxième album de poésie «Lè pwezi m jwenn van». «Cette anthologie selon moi est une grande percée pour la littérature haïtienne. C’est un honneur pour moi de pouvoir m’y retrouver», confie-t-il avec humilité. Le livre était présenté au grand public le 19 octobre à la librairie Albatros, à Genève.

Et comme on dit qu’un bonheur ne vient jamais seul, le poète s’est vu attribuer par le Haitian Academy Award le prix de «Poète de l’année». Le trophée lui est parvenu deux mois après l’annonce faite par les organisateurs de ce prix basé à Orlando.

Depuis le 8 novembre, André Foad se retrouve à Montréal pour une tournée qui va jusqu’au 22. Le 10 novembre, il s'est produit dans le cadre du lancement du roman autobiographique de Badiona Bazin intitulé «Est-ce le destin?». Il a parlé le 12 novembre, au Centre d’art de la scène, de l’évolution de la poésie haïtienne. Entre autres activités il participera au lancement de la 3e édition du prix Félix Morisseau Leroy.

Par-delà la jubilation que procurent son agenda surchargé à Montréal, son prix et le fait pour lui d’avoir deux poèmes dans une anthologie critique, le poète regrette que la poésie soit en train de vivre des moments sombres. En guise de diagnostic, il dénonce le fait que l’Etat soit complice de cette déliquescence. «Il n’y a pas 25 ans, les cercles littéraires pullulaient encore dans le pays. Si aujourd’hui tout cela disparaît, c’est parce que l’Etat, notamment les ministères de la Culture et de l’Éducation, n’a rien fait pour l’empêcher», dit-il. Il préconise par conséquent l’introduction dans le cursus scolaire d’une grande promotion de la poésie. Ce, du jardin d’enfants au baccalauréat.

 

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